samedi 19 février 2011

Charles Bradley, Lee Fields & The Expressions, La Maroquinerie 17 février 2011

No time for dreaming est la dernière pépite du label soul Daptone, le premier album d'un jeune homme de 62 ans nommé Charles Bradley. Comment un talent aussi phénoménal a-t-il pu passer sous les radars pendant si longtemps demeure un mystère; en tout cas si le disque est excellent c'est sur scène que l'on se prend un véritable uppercut dès que Mr. Bradley se met à chanter, sa voix évoquant le James Brown des grands jours et ses textes sur les coups durs d'une vie que l'on devine tourmentée se montrant extrêmement touchants. Derrière lui, les brillants musiciens de Menahan St. Band / The Expressions envoient un groove imparable, et Charles Bradley cède bientôt sa place au charmeur Lee Fields pour le reste du concert, laissant une large place aux titres de l'album My World sorti l'an passé. Là encore, de la soul quatre étoiles aux effluves rétro mais ne tombant jamais dans un passéisme stérile, jouée pied au plancher par un groupe dont le plaisir d'accompagner ces deux remarquables interprètes se montre communicatif. Jubilation sur scène et dans le public donc, pour ce qui devrait d'ores et déjà rester comme l'un des très beaux souvenirs de concert de cette année.Photos (C) GH

dimanche 13 février 2011

Wire, Le Point Ephémère, 12 février 2011

35 ans après leur apparition sur la scène musicale anglaise, Wire viennent de sortir un album remarquable avec Red Barked Tree. Une constance dans la qualité qui force le respect, d'autant qu'en live Wire n'est pas une sorte de relique de l'ère post-punk que l'on viendrait visiter comme au musée, mais un groupe on ne peut plus vivant toujours susceptible de balancer un impressionnant mur du son à faire pâlir bien des formations récentes se réclamant plus ou moins ouvertement de leur héritage.
Cerise sur le gâteau: une première partie fiévreusement assurée par l'excellent duo belge Madensuyu.

Photos (C) GH

mardi 8 février 2011

Anna Calvi, Le Nouveau Casino, 8 février 2011

La Boule Noire en novembre, le Nouveau Casino en Février, le Trianon en avril : Anna Calvi captive un public de plus en plus nombreux, appuyée par un déploiement marketing conséquent, complaisamment relayé par une presse musicale qui s'est ruée sur le premier album de l'anglaise comme une bande de morts de faim sur l'ultime jambon-beurre dans la vitrine de la boulangerie. A croire qu'il n'y a pas eu d'autre disque potable dans les bacs en ce début d'année (vérification... ah hé bien oui c'est un peu le cas, tout s'explique).

Le risque c'est bien entendu de voir Anna Calvi rattrapée par le tristement célèbre syndrome MGMT (précédemment connu sous le nom de complexe du Klaxon), à savoir un emballement généralisé fabriqué de toutes pièces autour d'un album que tout le monde aura oublié six mois plus tard. Heureusement sur scène Anna Calvi remet les pendules à l'heure et fait oublier les ridicules comparaisons avec des artistes mythiques dont on l'affuble à l'insu de son plein gré. Nous avons bien affaire à une musicienne douée développant un univers et un son très personnels, au répertoire évidemment encore limité - d'où un concert court, un peu frustrant, mais regorgeant de passages impressionnants, inspirés.
Anna Calvi aura-t-elle seulement le temps de véritablement construire une œuvre plus conséquente, dont on pourra juger l'apport plus sereinement dans quelques années, enfin débarrassé de toute hype colorant en bien ou en mal l'écoute de sa musique ? En ces temps où l'industrie du disque semble plus que jamais viser le jetable et la rentabilité immédiate, rien n'est moins sûr. Croisons les doigts, allumons un cierge, appuyons de nouveau sur la touche play du lecteur... hey mais dites donc, c'est vrai qu'il est pas mal, cet album, en fait...

Photos (C) GH