dimanche 15 juillet 2012

D'Angelo, Le Bataclan, 15 juillet 2012


L’incroyable concert de D’Angelo au Zénith en janvier dernier donnait l’impression d’assister en direct à la résurrection d’un artiste majeur disparu des radars depuis une décennie. Depuis, D’Angelo a multiplié les dates en Europe et aux Etats-Unis, confirmant que tout ceci ne relevait pas de l’hallucination collective et que ce come-back spectaculaire s’inscrivait dans la durée. Cette seconde escale parisienne organisée à toute vitesse en remplacement d’une prestation annulée dans le sud de la France faisait donc presque figure en comparaison de concert « ordinaire ». Le groupe a eu le temps de se roder ces derniers mois, D’Angelo a bel et bien repris ses marques sur scène et la légende du Minneapolis Sound Jesse Johnson officie désormais à la guitare ; bref à priori des conditions idéales pour mettre le feu au Bataclan en ce mois de juillet grisâtre. Hélas une qualité de son déplorable plombe les premiers titres et le public semble franchement amorphe face à l’orientation blues-rock des nouvelles chansons (« The charade » s'affirme de plus en plus comme un futur classique). Le concert décolle totalement dans sa deuxième partie mais s’arrête brusquement au bout de 90 minutes alors que « Sugar daddy » venait de coller une baffe magistrale à une audience enfin au taquet. Frustrant, et pourtant on signe sans problème pour une éventuelle troisième date en espérant que la technique suive, cette fois …

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mercredi 4 juillet 2012

The Brian Jonestown Massacre, Le Trianon, 4 juillet 2012



La bande de frappadingues menée par Anton Newcombe est capable du pire comme du meilleur, mais c'est plutôt le BJM des grands soirs qui se produit cette fois sur la scène du Trianon, à l'exception d'une incursion aussi brève que discutable de Joel Gion aux vocaux (il faut absolument que celui-ci se contente de son statut de meilleur joueur de maracas au monde ...). Complètement ignorés à leur sortie, les morceaux des premiers albums font aujourd'hui figures d'hymnes, repris en chœur par un public turbulent. Final grandiose où le groupe célèbre l'union contre-nature de Hey Jude avec Sympathy for the devil, pendant que le service de sécurité contemple médusé le papier peint se décollant lentement mais surement du plafond de la salle: le double effet Brian Jonestown Massacre ...

Photos (C) GH

mercredi 13 juin 2012

Paul Weller, Le Bataclan, 13 juin 2012



Sonik Kicks ne passera sans doute pas à la postérité en tant que meilleur album de Paul Weller, même si son approche expérimentale à le mérite d'apporter un peu de fraicheur dans une discographie qui, il faut bien l'avouer, commençait un peu à ronronner ces dernières années. En tout cas le Modfather semble tenir à ce nouvel opus qu'il interprète quasi intégralement en première partie de concert face à un public rapidement gagné par une certaine léthargie. Après un courte pause Weller et ses musiciens entament une seconde partie nettement plus réjouissante par une version acoustique de Out of the sinking, avant d'enchainer avec une énergie communicative grands classiques et titres plus obscurs face à une audience qui se réveille enfin. Le rappel enfonce le clou mais le meilleur reste à venir avec un ultime retour de Weller sur scène pour une version à l'arrachée de Changingman achevant en apothéose un concert qui paraissait assez mal engagé... Moralité, il ne faut jamais sous-estimer le professionnalisme à l'anglaise.

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mardi 5 juin 2012

Hanni El Khatib, La Cigale, 5 juin 2012


Deux formations assez différentes en ouverture de ce mini-festival parrainé par le magazine Jalouse. Les Dough Rollers distillent un rock rétro rappelant dans ses meilleurs moment les Small Faces, mais leur interprétation assez scolaire (et franchement pénible quand il se mettent en tête de jouer les bluesmen du dimanche) peine à convaincre sur la durée. Bilan guère plus reluisant pour les Virgins qui passé une poignée de titres efficaces à défaut d'être mémorables dans un registre post-Strokes assez convenu, s'engluent lamentablement dans des ballades interminables. Le public se réveille un peu sur le tube Rich girls qui leur valut un quart d'heure de gloire en 2007, mais il est déjà temps pour les Virgins de laisser place à la tête d'affiche de la soirée.


Avec Hanni El Khatib on est fort heureusement à un tout autre niveau et ce dès les premières secondes d'un Garbage city rageur placé en ouverture de son set. Du charisme, de l'énergie et une absence totale de pose caractérisent l'auteur de l'excellent Will the guns come out paru l'an passé. El Khatib va puiser son répertoire aussi bien du côté du garage rock que du R&B contemporain (Millionaire de Kelis dans une version méconnaissable) et fait exploser le carcan roots de la formule guitare/batterie de ses débuts avec l'ajout d'un clavier ajoutant une touche psychédélique à un You rascal you nettement plus long que sur disque. S'il connait visiblement son histoire du rock sur le bout des doigts, Hanni El Khatib ne tombe pas dans le piège du passéisme contrairement aux deux groupes l'ayant précédé sur scène et semble fin prêt à élargir son spectre sonore sur un second album que l'on attend avec impatience.

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mardi 29 mai 2012

Beach House, la Maroquinerie, 29 mai 2012

C'est l'histoire d'un concert qui aurait pu, qui aurait dû coller la chair de poule, mais difficile de ressentir le grand frisson dans une Maroquinerie transformée en étuve, la chaleur étouffante poussant prématurément certains membres du public au bord de la syncope vers la porte de sortie. Dommage car le groupe de Baltimore livrait une fois de plus une performance remarquable, les titres du récent Bloom n'ayant rien à envier à la beauté hantée de l'acclamé Teen Dream d'il y a deux ans. Finalement, la chair de poule, on l'a quand même en repensant à cette fantastique version d'"Irene" en clôture du concert, en forme de lente montée vers les cieux. "It's a strange paradise..."

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mercredi 16 mai 2012

Garbage, l'Olympia, 16 mai 2012


Les groupes majeurs des années 90 semblent s'être donné le mot pour tous effectuer leur comeback ces derniers mois, on ne s'étonnera donc pas que Garbage vienne rompre sept années de silence discographique avec un nouvel album que nous qualifierons pudiquement de très moyen.

La popularité de Shirley Manson et sa bande semble toutefois intacte dans l'hexagone, le public s'étant rué sur les places de ce concert à l'Olympia dès la mise en vente. Renforcé par l'excellent Eric Avery (ex-Jane's Addiction) à la basse, le quatuor se donne à fond, boosté par une audience en surchauffe sur les imparables classiques de la setlist (Push it, I think I'm paranoid, Stupid girl affublé d'une intro discoïde à la Giorgio Moroder...). Un gros son, peu de surprises mais une efficacité maximale et une chanteuse toujours aussi charismatique, Garbage a beau paraître un peu anachronique musicalement en 2012, la formation délivre toujours une bonne dose de plaisir et c'est l'essentiel.

jeudi 26 avril 2012

Charles Bradley & his Extraordinaires, La Cigale, 26 avril 2012

Par ces temps de cynisme ambiant qu'il est bon de se replonger dans la soul touchante et sans fioritures du grand Charles. Il y a encore un an le sexagenaire venait défendre son premier album (!) en ouverture du concert de Lee Fields à la Maroquinerie; c'est aujourd'hui en tête d'affiche que le screaming eagle of soul remplit la Cigale, un succès totalement mérité pour celui dont la vie difficile fera prochainement l'objet d'un documentaire qui devrait lui permettre de toucher une audience encore plus large.


Les tournées incessantes ont visiblement libéré le potentiel de Charles Bradley, jadis un peu hésitant sur scène malgré sa voix exceptionnelle. C'est maintenant  un showman accompli marchant sur les pas de James Brown, son modèle avoué dont il reprend quelques gimmicks scéniques. Pour le reste le show carbure toujours à l'émotion brute, ravissant un public que le chanteur vient longuement saluer en descendant de scène à la fin de sa prestation. Charles Bradley, un grand artiste, et un mec bien.


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