lundi 30 août 2010

Roxy Music, Rock en Seine, 29 août 2010

"Le groupe anglais le plus influent après les Beatles": le journaliste Tim De Lisle décrivait ainsi Roxy Music dans le documentaire More than this publié il y a quelques mois en DVD. Dans ce même documentaire on pouvait voir des personnalités aussi diverses que Steve Jones (des Sex Pistols), Nile Rodgers (de Chic) ou Nick Rhodes (de Duran Duran) confier avoir été influencés par Roxy. Quelle autre formation peut ainsi se targuer d'avoir eu des enfants illégitimes dans des genres aussi différents que le punk, le disco, ou la pop pour midinettes ?

Pourtant au final un large public n'aura retenu de Roxy qu'Avalon, ultime album pas forcément représentatif d'une discographie variée, de l'expérimentation débridée des débuts (souvent attribuée à la présence de Brian Eno sur les deux premiers albums, même si l'intéressé déclare préférer le 3ème opus, enregistré après son départ du groupe !) à la pop racée teintée de dance de la fin des seventies, dont la qualité de songwriting et de production met toujours une claque à la majorité des groupes étiquetés "révélation de l'année" dont nous abreuvent les médias musicaux.

Reformé en 2001 pour une tournée triomphale qui aura soigneusement évité l'hexagone, Roxy Music retrouvait enfin en ce mois d'août le pays ou fut enregistré le live The High Road, 30 ans plus tôt. Sans rien de nouveau à vendre (la chimère que représente un éventuel nouvel album studio s'est muée en album solo de Bryan Ferry, Olympia, à paraitre en octobre), il était à craindre que l'affaire ne se résume qu'à une lucrative prestation capitalisant sur la nostalgie des fans. Il n'en fut rien et malgré l'absence du batteur original Paul Thompson, pour raisons de santé dixit le site officiel, Roxy recentré autour du trio Ferry / Manzanera / MacKay accompagnés de musiciens additionnels, sut revisiter les perles de son répertoire avec une énergie communicative, malgré une baisse de régime due à l'enchainement de plusieurs titres lents (mais somptueux), avant de repartir de plus belle avec une version furieuse de Editions of you ou un Love is the drug irrésistible.

Et si Bryan Ferry ne rechigne pas à employer quelques choristes pour booster les parties vocales, il n'y a pas pour autant tromperie sur la marchandise ; les années passent, Roxy vieillit, certes, mais avec classe, sans tenter de lifting sonore malencontreux, et en conservant intacte cette étincelle de rêve qui rendait leur musique fascinante au début des années 70 et détonne toujours dans la grisaille de 2010. Ce doit être cela que l'on appelait le Glam...

Photos (C) GH

jeudi 5 août 2010

George Clinton & Parliament / Funkadelic, Glaz'art Plage, 4 août 2010

La P-Funk army étant endeuillée après le décès de Gary Shider il y a quelques semaines, on ne s’étonnera pas que le dernier concert parisien de la bande à Clinton lui soit dédié, ni que Michael Hampton entame d’emblée la soirée par un « Maggot Brain » aux accents funestes.

A ceux qui se demandaient comment l’ensemble du groupe arriverait à tenir sur la minuscule scène de l’éphémère « plage » du Glaz’art la réponse fut simple : ils n’essayèrent même pas. Le P-Funk est une grande famille, avec comme dans toutes les familles, des brouilles, des départs, de nouveaux arrivants aussi. Même amochée et amputée de nombre de ses éléments clés, elle continue bon an mal an à porter la bonne parole du groove aux quatre coins du globe. Le patriarche Clinton lui-même n’est plus qu’une ombre, fantomatique et quasi aphone, et pourtant plus que jamais sa présence fait le lien entre tous les musiciens présents, maintenant le fragile équilibre entre jam jouissive entre vétérans du funk et bordel généralisé. Ce qui n’empêche pas le Parliament-Funkadelic version 2010 de se prendre parfois les pieds dans le tapis, comme sur une version particulièrement atroce de « Red hot mama ».

Pas de quoi démotiver ni un public fidèle, resté enthousiaste malgré les trombes d’eau s’étant fréquemment abattues pendant les 3 heures de concert, ni le groupe qui aurait sans doute prolongé un peu sa prestation si l’équipe du Glaz’art n’avait fort élégamment décidé de couper les micros pour faire respecter l’heure du couvre-feu.

Même si les grandes heures du P-Funk sont clairement derrière nous, entendre ce répertoire en or massif joué en live demeure un plaisir dont il faut profiter pendant qu’il en est encore temps.

Photos (C) GH