mercredi 15 décembre 2010

Martina Topley-Bird, Café de la Danse, 14 décembre 2010

Sur son dernier album en date Some place simple, Martina Topley-Bird tente de recréer l'ambiance intimiste de ses concerts en interprétant sans artifices sonores les titres découverts sur ses deux (excellents) premiers disques. Le résultat a beau être réussi, il faut absolument la voir sur scène en chair et en os, flanquée de son fameux comparse multi-instrumentiste déguisé en ninja, pour saisir toute la beauté et la magie qui se dégage de sa musique.

Sur la scène d'un Café de la Danse plein à craquer, Martina semble, dans un premier temps, un peu moins à l'aise qu'à l'accoutumée ; peut être à cause de problèmes de sons récurrents, ou de la présence de plusieurs caméras en vue d’une captation vidéo. Fort heureusement on retrouve par la suite la Martina des grands jours, avec un registre allant de la comptine douce-amère au rock le plus décapant (terrible version de «Black Steel »); et en guise de cerise sur le gâteau, le naturel désarmant avec lequel elle s'adresse au public dans un français quasi-parfait.

En écoutant ses bluffantes reprises des Stranglers (Golden Brown) et de Kate Bush (Army dreamers) on se dit que Martina Topley-Bird s'inscrit désormais dans la lignée des grands noms de la pop anglaise, avec un univers qui par sa singularité et sa richesse n'a plus rien à envier aux groupes avec lesquels elle a pu collaborer par le passé.

Martina et Ninja concluent leur set sur une note festive avec un lâcher de ballons dans la salle qui occasionnera une joyeuse pagaille; une façon agréable de terminer une année riche en concerts d'exception pour l'auteur de ces lignes. Rendez-vous en 2011 !

Photos (C) GH

jeudi 9 décembre 2010

Janelle Monáe, La Cigale, 9 décembre 2010

"Ce n'est pas la crainte de la folie qui nous forcera à laisser en berne le drapeau de l'imagination" (André Breton)
Special thanks to Tony
Photos (C) GH

jeudi 2 décembre 2010

Bryan Ferry, Studio 105, Maison de la Radio, 2 décembre 2010

C'est le troisième rendez-vous parisien avec Bryan Ferry cette année, après le concert de Roxy Music à Rock en Seine au mois d'août, et la rencontre organisée pour la sortie de son nouvel album Olympia. Un album qu'il continue donc de promouvoir par le biais d'un concert exceptionnel retransmis sur France Inter. Direction la Maison de la Radio et le confortable Studio 105, où nous voyons à 20 heures précises débarquer un groupe de quatre choristes et sept musiciens dont une partie faisait déjà partie du line-up de Roxy Music cet été. Puis Sir Ferry arrive tout sourire, dans un costume impeccable, comme à son habitude.
C'est parti pour une heure mêlant savamment nouveaux titres et classiques en or massif. On sent Ferry très concentré sur les extraits d'Olympia, notamment un émouvant Tender is the night. Le groupe quant à lui donne l'impression de particulièrement s'amuser en interprétant les titres de Roxy, à tel point qu'Andy Newmark en perd ses baguettes sur Love is the drug. L'un des rares accrocs d'un concert par ailleurs parfaitement maitrisé (en pinaillant un peu, l'interprétation de Jealous guy était un peu limite sur la fin, comme à Rock en Seine...). Son impeccable, lieu intimiste, Bryan Ferry avait visiblement décidé de jouer les pères noël avec quelques semaines d'avance pour les fans chanceux présents ce soir.

dimanche 28 novembre 2010

Suede, L'Elysée Montmartre, 28 novembre 2010


Après des débuts hésitants la carrière solo de Brett Anderson semblait avoir atteint sa vitesse de croisière avec d'excellents albums sortant à une fréquence soutenue, accompagnés de concerts remarquables (notamment un moment de pure magie à la Maroquinerie, il y a deux ans...). Ce fut donc avec un certain étonnement que l'on accueillit l'annonce de la reformation de Suede en 2010, d'abord pour une poignée de concerts caritatifs puis pour une tournée en bonne et due forme. Brett avait-il cédé à l'appel du compte en banque ? A la pression des fans du groupe, toujours nombreux en Angleterre et dans d'autres contrées plus lointaines, jusqu'en Asie ?
Ou s'agissait-il simplement d'une réelle envie de renouer avec la formation lui ayant apporté le succès dans les années 90 ? L'ennui c'est qu'en sortant du concert de Suede à l'Elysée Montmartre, on s'interroge toujours un peu sur les motivations de la chose ...

D'un côté il y a bien sûr le plaisir d'entendre en live les nombreux tubes du groupe (pour ne pas dire les hymnes) repris avec ferveur par un public nostalgique des grandes heures de la Britpop, même si l'on déplorera une setlist sans réelles surprises faisant l'impasse sur nombre de perles moins connues. Alors que Brett Anderson semblait vouloir s'affranchir ces dernières années de l'image de rockstar qui lui collait à la peau, il y replonge aujourd'hui de plus belle, assumant sans retenue son rôle de frontman charismatique et survolté.
Deux points noirs viendront toutefois
légèrement ternir les retrouvailles: un son par moment brouillon, voire franchement médiocre; ainsi que le manque d'implication de Neil Codling arborant un air hagard pendant l'intégralité du set, contrastant étonnamment avec le reste du groupe.
Reste qu'à la vue des mines réjouies dans la salle à la fin du (trop court) concert, Suede semble avoir gagné son pari de reconquérir un public répondant toujours présent à l'appel du glam à l'anglaise. Attendons maintenant de voir s'ils sauront proposer autre chose que le best of opportunément sorti dans les bacs il y a quelques semaines, ou s'ils rejoindront la longue liste des formations se retrouvant par intermittence le temps de quelques concerts lucratifs et dénués de toute nouveauté. Une chose est sure, Brett Anderson n'a plus besoin de Suede pour exister en tant qu'artiste,
il faut donc espérer qu'il continuera en parallèle de mener sa barque en solo avec la liberté d'inspiration l'ayant caractérisé ces dernières années.

Photos (C) GH

mercredi 24 novembre 2010

Gorillaz, Le Zénith, 23 novembre 2010

Il y a une ironie un brin cruelle à voir Mick Jones arpenter la scène du Zénith guitare à la main, musicien quasi anonyme au milieu de l'armada déployée par Damon Albarn pour la tournée de son supergroupe de pop cartoonesque. Après The Clash, Jones avait essayé au milieu des années 80 de mettre sur pied avec Big Audio Dynamite une formation brassant influences punk rock, hip hop, reggae et électro. Un concept audacieux pour l'époque qui ne s'était pas révélé très probant, artistiquement et commercialement parlant. 20 ans plus tard c'est Damon Albarn en pause de Blur qui décroche la timbale avec ses Gorillaz et leurs albums emballés comme des superproductions cinématographiques. A en juger par le public s'entassant dans une salle pleine à craquer (des beaufs, des branchés, des beaufs branchés, des enfants, leurs parents, des nostalgiques de la britpop, des nostalgiques du rap old school, etc etc...), le vieux fantasme du groupe ultime capable de fédérer toutes les chapelles musicales ne semble pas loin de se concrétiser.

Et le concert dans tout ça ? Hé bien Gorillaz en live c'est un peu comme l'un des ces blockbusters hollywoodiens impressionnant grâce à une débauche de moyens et un casting trois étoiles. On passe deux heures à prendre du bon temps sans arrière pensée, et on en sort satisfait en se disant qu'on en a eu pour son argent. Par contre une fois dans le métro, sur le chemin du retour vers son home sweet home, il est probable que l'on pense déjà à autre chose...

Photos (C) GH

lundi 22 novembre 2010

Goldfrapp, Le Trianon, 22 novembre 2010

La superbe salle du Trianon rouvre ses portes et ce sont Alison Goldfrapp et ses sbires qui essuient les plâtres avec un énorme show électro-glam. Mais auparavant le jeune Wagner assure une première partie très honorable, arrivant à séduire l’audience malgré une sobre configuration laptop ne se prêtant guère aux démonstrations spectaculaires.

De sobriété en revanche il ne sera guère question lors des 90 minutes assurées pied au plancher par la tête d’affiche de la soirée. Exit les ambiances éthérées de la période Seventh Tree, Goldfrapp assume de nouveau pleinement son statut de machine à danser et enchaine sans faiblir les tubes, appuyé par un son colossal. On a souvent reproché aux concerts de Goldfrapp une certaine froideur, un aspect visuel un peu cheap, et une tendance à reproduire leurs albums à la note près. Si ce dernier point est toujours d’actualité, Alison parait ce soir transfigurée par la réaction plus qu’enthousiaste du public, et le lightshow efficace achève de rendre l’expérience particulièrement réjouissante. Le dernier album avait été fraîchement accueilli lors de sa sortie, mais il faut admettre que Rocket ou Believer se révèlent assez imparables sur scène. La tension retombe un peu le temps d’une poignée de ballades (superbe Black cherry) mais la mélancolie n’a définitivement pas droit de cité sur cette tournée et le groupe repart pour une ultime salve de titres frénétiques. Cette fois Goldfrapp semble enfin avoir trouvé la formule magique susceptible de rendre ses prestations scéniques mémorables.

Photos (C) GH

vendredi 19 novembre 2010

The lives of Charles Douglas

C'est l'histoire d'un jeune fan du Velvet Underground un peu borderline mentalement qui entretient une correspondance avec la légendaire Moe Tucker et la convainc de produire son premier album. L'objet est publié en 1997 dans l'indifférence générale et après quelques autres albums tout aussi confidentiels le dénommé Charles Douglas entame une carrière de romancier. 13 ans plus tard, The lives of Charles Douglas sort de l'oubli grâce à l'opiniâtreté du label Broken Horse Records et les amateurs de rock lo-fi découvrent avec stupéfaction ce qui a en tout point l'apparence d'un petit classique. Dès l'ébouriffant Summertime il est évident que l'on tient là quelque chose de spécial, Douglas faisant preuve d'un énorme talent de mélodiste derrière ses airs de slacker désabusé ayant trop écouté Lou Reed en ingérant des substances douteuses. Ce n'est ni le premier ni le dernier album déroulant ainsi des tranches de vie de loser fâché avec la société sur fond d'indie rock minimaliste, mais la sincérité qui s'en dégage va droit au cœur et son refus des modes en vigueur au moment de son enregistrement joue aujourd'hui en sa faveur, lui conférant un côté assez intemporel. Il y a parfois une justice en ce bas monde et s'il n'a pas trouvé sa place dans les bacs des disquaires à la fin des années 90 (quand ce genre de choses existaient encore), The lives of Charles Douglas devrait sans doute toucher un auditoire beaucoup plus large en 2010. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.

http://www.brokenhorse.co.uk/

dimanche 14 novembre 2010

Dans les archives photographiques du Commissaire (2)

Nine Inch Nails, Le Zénith, Juin 2009

Tindersticks, Le Bataclan, Mai 2010

Them Crooked Vultures, Le Zénith, Mai 2010


vendredi 5 novembre 2010

Beach House, Midlake, La Cigale, 4 novembre 2010

Une programmation de grande qualité pour cette soirée dans le cadre du Festival des Inrocks. Les hostilités démarrent avant même l'entrée dans la salle, The Acorn jouant en acoustique pour le public faisant la queue devant La Cigale. On retrouve les canadiens sur scène quelques instants plus tard pour un set énergique et charmeur. Public sous le charme également pour la courte prestation de John Grant, même si l'auteur de ces lignes avoue ne pas avoir été totalement convaincu par les chansons de l'ancien chanteur des Czars.

Beach House a livré l'un des grands disques de cette année avec Teen dream, mais il n'était pas évident que la beauté fragile de leur musique passe aisément le cap du live. La dimension intimiste des morceaux est ici mise de côté au profit d'un son énorme, impressionnant. Planquée derrière ses synthés et sa mêche rebelle, Veronica Legrand n'en demeure pas moins charismatique et captivante. Grand concert.

Difficile d'enchainer ensuite avec le folk rock un peu sage des très attendus Midlake. Les titres
sont interprétés de façon parfaite, trop parfaite peut être. Fort heureusement le groupe finit peu à peu par lâcher la bride, donnant libre cours à ses penchants plus nerveux. Fin en apothéose et poignante version de Branches en rappel, belle conclusion d'une soirée frôlant le sans-faute.

samedi 30 octobre 2010

Bryan Ferry, Fnac St Lazare, 30 octobre 2010

Un temps annoncé comme un nouvel opus de Roxy Music, Olympia de Bryan Ferry est dans les bacs depuis quelques jours, son premier disque depuis huit ans à ne pas être composé exclusivement de reprises. Des premières notes évoquant Avalon jusqu'à l'esthétique de la pochette, tout semble ici réuni pour rappeler l'œuvre de Roxy davantage que celle de Ferry en solo, d'où peut être les réactions pour le moins mitigées de nombreux fans qui auraient sans doute préféré une reformation en bonne et due forme à la place de cet album pourtant assez réussi, malgré une poignée de titres plus faibles (mais quel disque n'en a pas de nos jours ?), avec comme toujours un soin particulier apporté à la production, Olympia délivrant toutes ses subtilités en format CD plutôt qu'en fichiers compressés récupérés à la va-vite sur son ordinateur.

C'est d'ailleurs dans un magasin "à l'ancienne" que Bryan Ferry venait présenter son nouveau bébé le temps d'une interview suivie d'une séance de dédicace, pour le plus grand plaisir des fans ayant fait le déplacement. Nous n'apprendrons rien de bien nouveau lors de la séance de questions / réponses même si Ferry s'exprime toujours de façon intéressante et amusante sur son parcours et son travail. On notera tout de même un certain embarras quand il lui fut demandé si Roxy Music reviendrait se produire en France dans la foulée du concert à Rock en Seine cet été; visiblement après la tournée planifiée en Angleterre et en Australie début 2011 l'avenir de la formation s'annonce incertain. Il faudra donc sans doute se "contenter" de concerts solos... et ceci très prochainement. On retiendra également l'évocation assez drôle de la participation quelque peu surréaliste du Dandy anglais à une série télévisée franchouillarde au début des années 80 (avec Pierre Mondy !). Moins anecdotique, cette phrase de Ferry au sujet de la disparition des disquaires, de l'évolution du monde de la musique, et la certitude d'avoir été là au bon moment, lors d'un époque désormais révolue.

Un parfum de nostalgie indissociable de son œuvre, et l'impression en retrouvant l'agitation des rues avoisinantes que ce grand monsieur doit parfois se sentir bien seul en écoutant les groupes actuels. Qui pour succéder à Bryan Ferry en 2010 ? Personne, et c'est un peu dommage.

lundi 25 octobre 2010

Robert Plant & Band of Joy, Palais des Sports, 24 octobre 2010

Frustrant. Voilà le terme qui résume le mieux ce court concert, certes ni mauvais ni déshonorant de la part d'une icône du rock que l'on aura tout de même connu plus inspirée. Bien sûr il y a longtemps que Robert Plant a tourné le dos à la facilité, refusant la reformation tant attendue d'un groupe mythique et la montagne de dollars allant avec, préférant se consacrer en toute quiétude à des projets assez éloignés de la furie sonique des seventies. Cela lui a plutôt réussi ces dernières années, avec une poignée de disques remarquables ("Mighty rearranger" se classe sans problème parmi les meilleurs enregistrements de sa carrière), couronnés par un réel succès critique et public.

Avec Band of Joy, Plant a visiblement souhaité se mettre un peu en retrait, retrouver le plaisir de jouer au sein d'un collectif dont il ne serait qu'un membre presque ordinaire, vaine chimère de la part de celui qui fut le chanteur de l'une des formation les plus populaires de tous les temps. Il faut d'ailleurs attendre que Band of Joy revisite un titre de Led Zeppelin pour que le public sorte d'une réserve polie, sous l'œil amusé de Plant ("Où étiez-vous pendant les premières chansons ?"). La volonté de mettre en avant les musiciens de son groupe est sans doute louable mais on frôle de peu l'ennui quand ils se mettent à occuper à tour de rôle le devant de la scène, leur leader relégué au rang de choriste de luxe.
Ceux qui avaient fait le déplacement dans l'espoir de grappiller quelques miettes de la légende zepellinienne auront leur os à ronger avec "Houses of the holy" ou "Rock and roll" interprétés de façon assez peu... rock and roll, par un groupe plaisant mais ne débordant pas franchement d'énergie.

Une énergie en revanche bien présente durant la première partie brillamment assurée par Justin Adams et Juldeh Camara, dont le mélange de musique africaine et de blues-rock représente une belle continuation de ce que Robert Plant avait entrepris jadis avec son compère Jimmy Page...

Photos (C) GH

lundi 20 septembre 2010

The Social Network

Depuis l'album Ghosts I-IV de Nine Inch Nails, Trent Reznor distribue ses projets musicaux selon le même modèle économique : plusieurs titres disponibles en téléchargement gratuit pour les curieux ou les indécis, l'album complet commandable sur divers supports physiques pour les fans, dans des versions allant de la plus abordable à la plus luxueuse selon les envies et moyens des acheteurs potentiels. Cette fois c'est pour la bande originale de The Social Network composée avec Atticus Ross (lui même auteur du remarquable score de The book of Eli il y a quelques mois) que Reznor réitère l'expérience.
The Social Network, dans le cas bien improbable ou vous n'en auriez pas déjà entendu parler, est le nouveau film de David Fincher (qui utilisait déjà la musique de Nine Inch Nails dans le générique de Seven), et devrait être l'un des évènements cinématographiques de l'automne. Les 5 titres de la BO proposés en téléchargement ne créent pas vraiment la surprise et sont dans la lignée des instrumentaux ambient figurant fréquemment sur les albums de NiN. Il faudra attendre octobre pour voir si Fincher a fait le bon choix pour accompagner les images de son film (même si on a déjà une petite idée sur la question...).
En attendant, à l'heure ou certains pontes de l'industrie du disque se demandent encore comment ils vont pouvoir continuer à grapiller de l'argent dans un secteur agonisant, on ne peut que se réjouir de voir certains musiciens comme Trent Reznor réussir à mener leur carrière de façon indépendante et réaliste en laissant à leur public un réel choix dans la façon de "consommer" leur musique. Un exemple dont les majors auraient dû s'inspirer depuis longtemps mais cela restera, hélas, un vœu pieux.

vendredi 10 septembre 2010

Fever Ray, L'Olympia, 9 Septembre 2010


Si l’album solo de la chanteuse de The Knife a fait l’unanimité, sa prestation à l’Olympia serait en revanche plutôt du genre à diviser. Selon votre réceptivité ou humeur du moment, il est possible d’en ressortir fasciné, ou au contraire d’avoir eu l’impression d’écouter l’album dans sa chambre avec le son à fond, les fenêtres fermées et un paquet complet d’encens en train se calciner depuis des heures.
C’est en effet derrière un épais rideau de fumée que Fever Ray fait son apparition sur scène, avançant masquée tout comme ses musiciens au look mi-Fantomas, mi-figurants dans un clip de DJ Bobo. Entre deux lasers on distingue vaguement tout ce petit monde qui s’agite sans au final être sûr d’assister à un réel concert ou une simple pantomime.

L’album live de The Knife s’intitulait An audiovisual experience, Fever Ray tente plutôt d’embarquer son public dans une expérience sensorielle, un peu frustrante il faut bien l’admettre, même si elle a le mérite de se distinguer du tout-venant. Mais son univers se révèle difficile à transposer sur scène ; les sublimes clips de If I had a heart ou When I grow up avaient placé il est vrai la barre très haut et demeurent pour l’instant les meilleures illustrations possibles de sa musique.
Photos (enfumées) (C) GH

mercredi 8 septembre 2010

Skunk Anansie, Le Nouveau Casino, 8 Septembre 2010


Certaines personnes se découvrent dès l'enfance une vocation d'astronaute, de vétérinaire ou de pilote de formule 1. D'autres, assez rares à vrai dire, sont prédestinées à monter sur scène et incendier les planches de leur charisme ravageur. On ne saura jamais quelles fées se sont penchées sur le berceau de la petite Deborah Dyer mais celle-ci, plus connue sous le pseudonyme de Skin, aurait pu difficilement exercer un autre métier que celui de rockstar à plein temps.
Look marquant, voix superbe, présence scénique impressionnante, la belle Skin était la chanteuse rêvée pour une formation telle que Skunk Anansie, et le quatuor anglais connut un succès fulgurant au milieu des années 90 avant de splitter à la fin de la même décennie. Suivirent deux albums solo de Skin sortis dans un relatif anonymat.


C'est donc sans surprise que l'on assistât l'an dernier à une reformation de Skunk Anansie, comme d'autres formations surfant sur un début de revival nineties (Alice in Chains, Soundgarden, Pavement...). Le groupe sort ses jours-ci un nouvel album, Wonderlustre, qui ne convaincra pas les habituels réfractaires à leur son : la formule n'a pas changé d'un iota, mélange de ballades mélancoliques et de guitares furieuses. Il faut bien admettre que les nouveaux titres ne sont pas réellement excitants, mais s'il est un domaine où Skunk Anansie demeure intouchable, c'est bien celui du live.

Qu'il joue devant 30000 personnes à Rock en Seine ou 300 au Nouveau Casino deux semaines plus tard, le combo fait preuve de la même détermination à en mettre plein la vue au public présent. Une générosité qui fait plaisir à voir et rend par comparaison bien pâles les concerts de la concurrence. Il n'y a pas de secret, on nait rockstar ou on ne l'est pas !

Photos (C) GH

lundi 30 août 2010

Roxy Music, Rock en Seine, 29 août 2010

"Le groupe anglais le plus influent après les Beatles": le journaliste Tim De Lisle décrivait ainsi Roxy Music dans le documentaire More than this publié il y a quelques mois en DVD. Dans ce même documentaire on pouvait voir des personnalités aussi diverses que Steve Jones (des Sex Pistols), Nile Rodgers (de Chic) ou Nick Rhodes (de Duran Duran) confier avoir été influencés par Roxy. Quelle autre formation peut ainsi se targuer d'avoir eu des enfants illégitimes dans des genres aussi différents que le punk, le disco, ou la pop pour midinettes ?

Pourtant au final un large public n'aura retenu de Roxy qu'Avalon, ultime album pas forcément représentatif d'une discographie variée, de l'expérimentation débridée des débuts (souvent attribuée à la présence de Brian Eno sur les deux premiers albums, même si l'intéressé déclare préférer le 3ème opus, enregistré après son départ du groupe !) à la pop racée teintée de dance de la fin des seventies, dont la qualité de songwriting et de production met toujours une claque à la majorité des groupes étiquetés "révélation de l'année" dont nous abreuvent les médias musicaux.

Reformé en 2001 pour une tournée triomphale qui aura soigneusement évité l'hexagone, Roxy Music retrouvait enfin en ce mois d'août le pays ou fut enregistré le live The High Road, 30 ans plus tôt. Sans rien de nouveau à vendre (la chimère que représente un éventuel nouvel album studio s'est muée en album solo de Bryan Ferry, Olympia, à paraitre en octobre), il était à craindre que l'affaire ne se résume qu'à une lucrative prestation capitalisant sur la nostalgie des fans. Il n'en fut rien et malgré l'absence du batteur original Paul Thompson, pour raisons de santé dixit le site officiel, Roxy recentré autour du trio Ferry / Manzanera / MacKay accompagnés de musiciens additionnels, sut revisiter les perles de son répertoire avec une énergie communicative, malgré une baisse de régime due à l'enchainement de plusieurs titres lents (mais somptueux), avant de repartir de plus belle avec une version furieuse de Editions of you ou un Love is the drug irrésistible.

Et si Bryan Ferry ne rechigne pas à employer quelques choristes pour booster les parties vocales, il n'y a pas pour autant tromperie sur la marchandise ; les années passent, Roxy vieillit, certes, mais avec classe, sans tenter de lifting sonore malencontreux, et en conservant intacte cette étincelle de rêve qui rendait leur musique fascinante au début des années 70 et détonne toujours dans la grisaille de 2010. Ce doit être cela que l'on appelait le Glam...

Photos (C) GH

jeudi 5 août 2010

George Clinton & Parliament / Funkadelic, Glaz'art Plage, 4 août 2010

La P-Funk army étant endeuillée après le décès de Gary Shider il y a quelques semaines, on ne s’étonnera pas que le dernier concert parisien de la bande à Clinton lui soit dédié, ni que Michael Hampton entame d’emblée la soirée par un « Maggot Brain » aux accents funestes.

A ceux qui se demandaient comment l’ensemble du groupe arriverait à tenir sur la minuscule scène de l’éphémère « plage » du Glaz’art la réponse fut simple : ils n’essayèrent même pas. Le P-Funk est une grande famille, avec comme dans toutes les familles, des brouilles, des départs, de nouveaux arrivants aussi. Même amochée et amputée de nombre de ses éléments clés, elle continue bon an mal an à porter la bonne parole du groove aux quatre coins du globe. Le patriarche Clinton lui-même n’est plus qu’une ombre, fantomatique et quasi aphone, et pourtant plus que jamais sa présence fait le lien entre tous les musiciens présents, maintenant le fragile équilibre entre jam jouissive entre vétérans du funk et bordel généralisé. Ce qui n’empêche pas le Parliament-Funkadelic version 2010 de se prendre parfois les pieds dans le tapis, comme sur une version particulièrement atroce de « Red hot mama ».

Pas de quoi démotiver ni un public fidèle, resté enthousiaste malgré les trombes d’eau s’étant fréquemment abattues pendant les 3 heures de concert, ni le groupe qui aurait sans doute prolongé un peu sa prestation si l’équipe du Glaz’art n’avait fort élégamment décidé de couper les micros pour faire respecter l’heure du couvre-feu.

Même si les grandes heures du P-Funk sont clairement derrière nous, entendre ce répertoire en or massif joué en live demeure un plaisir dont il faut profiter pendant qu’il en est encore temps.

Photos (C) GH

dimanche 25 juillet 2010

Bootleg, le livre

Les bootlegs, ou disques pirates, représentèrent pendant plusieurs décennies une véritable économie parallèle, une sorte de pendant obscur de l'industrie du disque, impliquant tout un tas de personnalités plus ou moins douteuses proposant sous le manteau aux fans de musique des enregistrements live ou des inédits de leurs groupes préférés, parfois à des prix honteusement élevés. Nombre d'artistes importants ont ainsi, en marge de leur discographie officielle, une autre plus officieuse recélant parfois des pépites inaccessibles au grand public, contribuant à entretenir leur mythe au même titre que des albums reconnus.

Alain Gaschet, qui commercialisa des bootlegs pendant des années dans l'illégalité la plus totale avant d'être rattrapé par la justice, lève un pan du voile sur cet univers mystérieux dans un livre (1) et répond à des questions que se sont posés bien des collectionneurs : d'où proviennent ces enregistrements, parfois supérieurs à ceux proposés par les maisons de disques ayant pignon sur rue ? Comment sont fabriqués ces disques ? Par quel tour de passe passe se sont-ils retrouvés en tête de gondole de certaines grandes chaines de magasins au milieu des années 90, avant que ne s'abattent les poursuites juridiques ? Bref, comme le dirait la voix off mélodramatique d'une émission de reportages sur M6 : à qui profite le business des bootlegs ?

Un business aujourd'hui moribond, en partie à cause de la répression orchestrée par les majors lassées de voir des petits malins se faire de l'argent sur leur dos, mais aussi et surtout à cause d'internet : les fans s'échangent aujourd'hui leurs rares et précieux enregistrements sur des sites spécialisés, toujours dans l'illégalité, mais gratuitement et sans engraisser des bootlegers généralement plus attirés par l'appât du gain que par l'amour de la musique.

Une lecture qui intéressera sans doute de nombreux mélomanes nostalgiques du petit parfum d'interdit qui accompagnait la traque parfois épique de tel ou tel bootleg tant convoité.

(1) "Bootleg, les flibustiers du disque" Alain Gaschet, éditions Florent Massot

mardi 20 juillet 2010

Raw Power returns

Le regain d'intérêt pour le support vinyl n'a pas que des bons côtés : entre la côte de l'occasion qui flambe et les bacs envahis de rééditions à la qualité souvent douteuse, l'amateur de galettes à l'ancienne à parfois quelques raisons de céder au découragement. Heureusement certains labels proposent des pressages neufs de qualité, comme les hollandais de Music On Vinyl qui ressortent avec un soin constant de nombreux titres du catalogue Sony / Columbia. Parmi leurs derniers faits d'armes, les versions remasterisées des albums de Jimi Hendrix, ou un superbe double vinyl coloré d'Alice In Chains. Ces dernières semaines ont vu la parution d'une édition sur deux disques de Raw Power, suivant de près la version CD deluxe de l'album mythique des Stooges.
Contrairement à cette dernière, l'édition Music On Vinyl fait l'impasse sur les bonus et le live, mais propose en revanche les deux versions de Raw Power, soit le controversé mix d'origine supervisé par David Bowie, et le non moins controversé remix réalisé dans les années 90 par Iggy Pop.
L'occasion de constater que la version Bowie longtemps décriée par les puristes et les Stooges eux-mêmes subit mieux l'épreuve du temps que la version Iggy; fortement compressée et fatigante à l'écoute en CD, celle-ci sonne à peine mieux en vinyl, support réputé plus "chaleureux" mais qui n'accomplit pas ici de miracle. En tout cas la qualité du pressage est impeccable et la somptueuse pochette ouvrante contient un agréable livret grand format, de quoi justifier un prix de vente un peu élevé, mais de toute façon plus raisonnable qu'un album d'époque qui vous coutera fatalement un bras si vous partez à sa recherche sur eBay.Photos : Les Stooges à l'Olympia, 07/07/2010 (C) GH

mercredi 14 juillet 2010

Prince, Arras, 9 Juillet 2010


En Octobre dernier, les concerts au Grand Palais et à la Cigale marquaient les retrouvailles de Prince avec le public français, après une absence de 7 ans. Des concerts de haut niveau (particulièrement à la Cigale) entachés par les problèmes de santé du Kid, visiblement plus aussi "mobile" que par le passé, en raison de soucis à la hanche. Moins d'un an après, tout ceci parait déjà bien loin : le Prince qui monte sur scène à Arras en ce 9 juillet est en pleine possession de ses moyens et de toute évidence déterminé à en mettre plein la vue aux nombreux fans ayant fait le déplacement, de l'étranger pour certains.
Si la setlist ne réserve au final que peu de surprises, Prince arrive à faire du neuf avec du vieux et à transfigurer totalement des hits que l'on croyait usés jusqu'à la corde. Le groupe qui l'accompagne semble également avoir gagné en aisance depuis le Grand Palais, délivrant un groove imparable pendant 2h15.
Son apparition pendant le concert de Stevie Wonder à Bercy le 1er juillet en donnait déjà un avant-goût, Prince semble être dans une période propice aux prestations scéniques d'anthologie, et ce n'est sans doute pas fini. Cerise sur le gâteau, son nouvel album "20ten" semble convaincre même les fans déçus par sa récente production discographique...

Le jeu des 7 erreurs (2)

1968 :



1994 :

Supergrass, La Cigale 12 Juin 2010


Voilà, c'est fini, l'un des groupes les plus attachants de ce que l'on appela la "Britpop" jette l'éponge après 16 ans de bons et loyaux services. Supergrass a décidé de mettre fin à ses activités après un ultime série de concerts destinés à leurs fans (et peut être propices également, soyons réalistes, à la mise en boite d'un futur live posthume). Dernière étape, Paris, et si l'on pouvait logiquement s'attendre à une prestation riche en émotions, c'est de façon étonnamment sobre et dépassionnée que la formation entame son set par des titres du dernier album en date, "Diamond Hoo Ha".
Le groupe quitte ensuite la scène le temps d'un petit film nous replongeant dans l'enregistrement de son précédent opus, "Road to Rouen". Le public commence alors à cerner le principe de la soirée; Supergrass nous offre une rétrospective de toute de sa discographie à raison de quatre titres par album, en démarrant des plus récents pour remonter jusqu'au premier. Une approche maline puisque "I should coco" sorti en 1995 demeure le favori d'une partie du public; la tension montera donc progressivement tout au long du concert, la Cigale se transformant en fournaise dans la dernière partie. Après une interprétation quasi-punk de "Caught by the fuzz", leur premier single et premier morceau composé, les musiciens jettent leurs instruments à terre et regardent le public les acclamant, l'air un peu hagards, sonnés, comme s'ils venaient seulement de réaliser que c'était la dernière fois qu'ils vivaient ce genre de moment d'exception.

Photo (C) GH

Air & Jarvis Cocker, Cité de la Musique, 4 Juin 2010


Air investissait la Cité de la Musique en ce mois de juin pour une série de concerts exceptionnels en compagnie de musiciens invités. Les deux moments forts de ces quatre dates furent pour moi le concert avec les Hot Rats (soit la moitié de Supergrass) pendant lesquelles les deux formations interprétèrent l'intégralité de l'album "Virgin Suicides", encore plus sombre et étouffant en live que sur disque; puis le lendemain, un concert où Air accompagnait le grand Jarvis Cocker, le temps d'un set faisant la part belle à l'album "5:55" de Charlotte Gainsbourg (sur lesquels Air et Jarvis avaient collaboré). Le tout saupoudré de titres provenant des albums de Air ou de Jarvis en solo, et divine surprise pour les nostalgiques de la Britpop, deux chansons de Pulp dont un "This is hardcore" d'anthologie. L'occasion de constater que Jarvis n'a pas perdu une once de son charisme, son jeu de scène halluciné faisant des étincelles avec Air transformé en backing band de luxe le temps d'une soirée.

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