dimanche 28 novembre 2010

Suede, L'Elysée Montmartre, 28 novembre 2010


Après des débuts hésitants la carrière solo de Brett Anderson semblait avoir atteint sa vitesse de croisière avec d'excellents albums sortant à une fréquence soutenue, accompagnés de concerts remarquables (notamment un moment de pure magie à la Maroquinerie, il y a deux ans...). Ce fut donc avec un certain étonnement que l'on accueillit l'annonce de la reformation de Suede en 2010, d'abord pour une poignée de concerts caritatifs puis pour une tournée en bonne et due forme. Brett avait-il cédé à l'appel du compte en banque ? A la pression des fans du groupe, toujours nombreux en Angleterre et dans d'autres contrées plus lointaines, jusqu'en Asie ?
Ou s'agissait-il simplement d'une réelle envie de renouer avec la formation lui ayant apporté le succès dans les années 90 ? L'ennui c'est qu'en sortant du concert de Suede à l'Elysée Montmartre, on s'interroge toujours un peu sur les motivations de la chose ...

D'un côté il y a bien sûr le plaisir d'entendre en live les nombreux tubes du groupe (pour ne pas dire les hymnes) repris avec ferveur par un public nostalgique des grandes heures de la Britpop, même si l'on déplorera une setlist sans réelles surprises faisant l'impasse sur nombre de perles moins connues. Alors que Brett Anderson semblait vouloir s'affranchir ces dernières années de l'image de rockstar qui lui collait à la peau, il y replonge aujourd'hui de plus belle, assumant sans retenue son rôle de frontman charismatique et survolté.
Deux points noirs viendront toutefois
légèrement ternir les retrouvailles: un son par moment brouillon, voire franchement médiocre; ainsi que le manque d'implication de Neil Codling arborant un air hagard pendant l'intégralité du set, contrastant étonnamment avec le reste du groupe.
Reste qu'à la vue des mines réjouies dans la salle à la fin du (trop court) concert, Suede semble avoir gagné son pari de reconquérir un public répondant toujours présent à l'appel du glam à l'anglaise. Attendons maintenant de voir s'ils sauront proposer autre chose que le best of opportunément sorti dans les bacs il y a quelques semaines, ou s'ils rejoindront la longue liste des formations se retrouvant par intermittence le temps de quelques concerts lucratifs et dénués de toute nouveauté. Une chose est sure, Brett Anderson n'a plus besoin de Suede pour exister en tant qu'artiste,
il faut donc espérer qu'il continuera en parallèle de mener sa barque en solo avec la liberté d'inspiration l'ayant caractérisé ces dernières années.

Photos (C) GH

mercredi 24 novembre 2010

Gorillaz, Le Zénith, 23 novembre 2010

Il y a une ironie un brin cruelle à voir Mick Jones arpenter la scène du Zénith guitare à la main, musicien quasi anonyme au milieu de l'armada déployée par Damon Albarn pour la tournée de son supergroupe de pop cartoonesque. Après The Clash, Jones avait essayé au milieu des années 80 de mettre sur pied avec Big Audio Dynamite une formation brassant influences punk rock, hip hop, reggae et électro. Un concept audacieux pour l'époque qui ne s'était pas révélé très probant, artistiquement et commercialement parlant. 20 ans plus tard c'est Damon Albarn en pause de Blur qui décroche la timbale avec ses Gorillaz et leurs albums emballés comme des superproductions cinématographiques. A en juger par le public s'entassant dans une salle pleine à craquer (des beaufs, des branchés, des beaufs branchés, des enfants, leurs parents, des nostalgiques de la britpop, des nostalgiques du rap old school, etc etc...), le vieux fantasme du groupe ultime capable de fédérer toutes les chapelles musicales ne semble pas loin de se concrétiser.

Et le concert dans tout ça ? Hé bien Gorillaz en live c'est un peu comme l'un des ces blockbusters hollywoodiens impressionnant grâce à une débauche de moyens et un casting trois étoiles. On passe deux heures à prendre du bon temps sans arrière pensée, et on en sort satisfait en se disant qu'on en a eu pour son argent. Par contre une fois dans le métro, sur le chemin du retour vers son home sweet home, il est probable que l'on pense déjà à autre chose...

Photos (C) GH

lundi 22 novembre 2010

Goldfrapp, Le Trianon, 22 novembre 2010

La superbe salle du Trianon rouvre ses portes et ce sont Alison Goldfrapp et ses sbires qui essuient les plâtres avec un énorme show électro-glam. Mais auparavant le jeune Wagner assure une première partie très honorable, arrivant à séduire l’audience malgré une sobre configuration laptop ne se prêtant guère aux démonstrations spectaculaires.

De sobriété en revanche il ne sera guère question lors des 90 minutes assurées pied au plancher par la tête d’affiche de la soirée. Exit les ambiances éthérées de la période Seventh Tree, Goldfrapp assume de nouveau pleinement son statut de machine à danser et enchaine sans faiblir les tubes, appuyé par un son colossal. On a souvent reproché aux concerts de Goldfrapp une certaine froideur, un aspect visuel un peu cheap, et une tendance à reproduire leurs albums à la note près. Si ce dernier point est toujours d’actualité, Alison parait ce soir transfigurée par la réaction plus qu’enthousiaste du public, et le lightshow efficace achève de rendre l’expérience particulièrement réjouissante. Le dernier album avait été fraîchement accueilli lors de sa sortie, mais il faut admettre que Rocket ou Believer se révèlent assez imparables sur scène. La tension retombe un peu le temps d’une poignée de ballades (superbe Black cherry) mais la mélancolie n’a définitivement pas droit de cité sur cette tournée et le groupe repart pour une ultime salve de titres frénétiques. Cette fois Goldfrapp semble enfin avoir trouvé la formule magique susceptible de rendre ses prestations scéniques mémorables.

Photos (C) GH

vendredi 19 novembre 2010

The lives of Charles Douglas

C'est l'histoire d'un jeune fan du Velvet Underground un peu borderline mentalement qui entretient une correspondance avec la légendaire Moe Tucker et la convainc de produire son premier album. L'objet est publié en 1997 dans l'indifférence générale et après quelques autres albums tout aussi confidentiels le dénommé Charles Douglas entame une carrière de romancier. 13 ans plus tard, The lives of Charles Douglas sort de l'oubli grâce à l'opiniâtreté du label Broken Horse Records et les amateurs de rock lo-fi découvrent avec stupéfaction ce qui a en tout point l'apparence d'un petit classique. Dès l'ébouriffant Summertime il est évident que l'on tient là quelque chose de spécial, Douglas faisant preuve d'un énorme talent de mélodiste derrière ses airs de slacker désabusé ayant trop écouté Lou Reed en ingérant des substances douteuses. Ce n'est ni le premier ni le dernier album déroulant ainsi des tranches de vie de loser fâché avec la société sur fond d'indie rock minimaliste, mais la sincérité qui s'en dégage va droit au cœur et son refus des modes en vigueur au moment de son enregistrement joue aujourd'hui en sa faveur, lui conférant un côté assez intemporel. Il y a parfois une justice en ce bas monde et s'il n'a pas trouvé sa place dans les bacs des disquaires à la fin des années 90 (quand ce genre de choses existaient encore), The lives of Charles Douglas devrait sans doute toucher un auditoire beaucoup plus large en 2010. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.

http://www.brokenhorse.co.uk/

dimanche 14 novembre 2010

Dans les archives photographiques du Commissaire (2)

Nine Inch Nails, Le Zénith, Juin 2009

Tindersticks, Le Bataclan, Mai 2010

Them Crooked Vultures, Le Zénith, Mai 2010


vendredi 5 novembre 2010

Beach House, Midlake, La Cigale, 4 novembre 2010

Une programmation de grande qualité pour cette soirée dans le cadre du Festival des Inrocks. Les hostilités démarrent avant même l'entrée dans la salle, The Acorn jouant en acoustique pour le public faisant la queue devant La Cigale. On retrouve les canadiens sur scène quelques instants plus tard pour un set énergique et charmeur. Public sous le charme également pour la courte prestation de John Grant, même si l'auteur de ces lignes avoue ne pas avoir été totalement convaincu par les chansons de l'ancien chanteur des Czars.

Beach House a livré l'un des grands disques de cette année avec Teen dream, mais il n'était pas évident que la beauté fragile de leur musique passe aisément le cap du live. La dimension intimiste des morceaux est ici mise de côté au profit d'un son énorme, impressionnant. Planquée derrière ses synthés et sa mêche rebelle, Veronica Legrand n'en demeure pas moins charismatique et captivante. Grand concert.

Difficile d'enchainer ensuite avec le folk rock un peu sage des très attendus Midlake. Les titres
sont interprétés de façon parfaite, trop parfaite peut être. Fort heureusement le groupe finit peu à peu par lâcher la bride, donnant libre cours à ses penchants plus nerveux. Fin en apothéose et poignante version de Branches en rappel, belle conclusion d'une soirée frôlant le sans-faute.