Depuis leur première collaboration sur Nénette et Boni en 1996, il est difficile d'imaginer un film de Claire Denis qui ne soit pas bercé par la musique des Tindersticks, tant le groupe anglais semblait fait pour accompagner les images de la cinéaste, en une symbiose parfaite dont doivent rêver beaucoup de metteurs en scène ayant à l'esprit les mythiques associations Hitchcock/Herrmann, Fellini/Rota, Leone/Morricone... Les Tindersticks reviennent aujourd'hui sur cette facette de leur carrière avec la publication d'un coffret regroupant leurs bandes originales, et une série de concerts majoritairement instrumentaux. L'endroit choisi pour le concert parisien est atypique, et on est saisi en entrant d'entendre Heroin du Velvet Underground résonner dans l'enceinte de l'église Saint Eustache. Puis les lumières s'éteignent et le groupe commence à jouer pendant que défilent derrière lui les images poétiques, sensuelles, parfois dérangeantes, des films de Claire Denis. Bientôt on est happé, fasciné par le côté irréel de l'expérience; sommes-nous au cinéma, au concert, ou en train d'assister à quelque étrange cérémonie, entre sacré et profane ?
La voix grave de Stuart Staples, particulièrement mise en valeur par l'acoustique du lieu, vient nous extirper d'une douce torpeur pour des versions de Tiny tears et Trouble everyday qui collent la chair de poule.
Après 90 minutes passées comme le temps d'un rêve, on ressort de Saint Eustache un peu hébété, seulement habité par la certitude d'avoir assisté à un spectacle hors norme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire