Les bootlegs, ou disques pirates, représentèrent pendant plusieurs décennies une véritable économie parallèle, une sorte de pendant obscur de l'industrie du disque, impliquant tout un tas de personnalités plus ou moins douteuses proposant sous le manteau aux fans de musique des enregistrements live ou des inédits de leurs groupes préférés, parfois à des prix honteusement élevés. Nombre d'artistes importants ont ainsi, en marge de leur discographie officielle, une autre plus officieuse recélant parfois des pépites inaccessibles au grand public, contribuant à entretenir leur mythe au même titre que des albums reconnus.
Alain Gaschet, qui commercialisa des bootlegs pendant des années dans l'illégalité la plus totale avant d'être rattrapé par la justice, lève un pan du voile sur cet univers mystérieux dans un livre (1) et répond à des questions que se sont posés bien des collectionneurs : d'où proviennent ces enregistrements, parfois supérieurs à ceux proposés par les maisons de disques ayant pignon sur rue ? Comment sont fabriqués ces disques ? Par quel tour de passe passe se sont-ils retrouvés en tête de gondole de certaines grandes chaines de magasins au milieu des années 90, avant que ne s'abattent les poursuites juridiques ? Bref, comme le dirait la voix off mélodramatique d'une émission de reportages sur M6 : à qui profite le business des bootlegs ?
Un business aujourd'hui moribond, en partie à cause de la répression orchestrée par les majors lassées de voir des petits malins se faire de l'argent sur leur dos, mais aussi et surtout à cause d'internet : les fans s'échangent aujourd'hui leurs rares et précieux enregistrements sur des sites spécialisés, toujours dans l'illégalité, mais gratuitement et sans engraisser des bootlegers généralement plus attirés par l'appât du gain que par l'amour de la musique.
Une lecture qui intéressera sans doute de nombreux mélomanes nostalgiques du petit parfum d'interdit qui accompagnait la traque parfois épique de tel ou tel bootleg tant convoité.
(1) "Bootleg, les flibustiers du disque" Alain Gaschet, éditions Florent Massot
dimanche 25 juillet 2010
mardi 20 juillet 2010
Raw Power returns
Le regain d'intérêt pour le support vinyl n'a pas que des bons côtés : entre la côte de l'occasion qui flambe et les bacs envahis de rééditions à la qualité souvent douteuse, l'amateur de galettes à l'ancienne à parfois quelques raisons de céder au découragement. Heureusement certains labels proposent des pressages neufs de qualité, comme les hollandais de Music On Vinyl qui ressortent avec un soin constant de nombreux titres du catalogue Sony / Columbia. Parmi leurs derniers faits d'armes, les versions remasterisées des albums de Jimi Hendrix, ou un superbe double vinyl coloré d'Alice In Chains. Ces dernières semaines ont vu la parution d'une édition sur deux disques de Raw Power, suivant de près la version CD deluxe de l'album mythique des Stooges.
Contrairement à cette dernière, l'édition Music On Vinyl fait l'impasse sur les bonus et le live, mais propose en revanche les deux versions de Raw Power, soit le controversé mix d'origine supervisé par David Bowie, et le non moins controversé remix réalisé dans les années 90 par Iggy Pop.
L'occasion de constater que la version Bowie longtemps décriée par les puristes et les Stooges eux-mêmes subit mieux l'épreuve du temps que la version Iggy; fortement compressée et fatigante à l'écoute en CD, celle-ci sonne à peine mieux en vinyl, support réputé plus "chaleureux" mais qui n'accomplit pas ici de miracle. En tout cas la qualité du pressage est impeccable et la somptueuse pochette ouvrante contient un agréable livret grand format, de quoi justifier un prix de vente un peu élevé, mais de toute façon plus raisonnable qu'un album d'époque qui vous coutera fatalement un bras si vous partez à sa recherche sur eBay.Photos : Les Stooges à l'Olympia, 07/07/2010 (C) GH
Contrairement à cette dernière, l'édition Music On Vinyl fait l'impasse sur les bonus et le live, mais propose en revanche les deux versions de Raw Power, soit le controversé mix d'origine supervisé par David Bowie, et le non moins controversé remix réalisé dans les années 90 par Iggy Pop.
L'occasion de constater que la version Bowie longtemps décriée par les puristes et les Stooges eux-mêmes subit mieux l'épreuve du temps que la version Iggy; fortement compressée et fatigante à l'écoute en CD, celle-ci sonne à peine mieux en vinyl, support réputé plus "chaleureux" mais qui n'accomplit pas ici de miracle. En tout cas la qualité du pressage est impeccable et la somptueuse pochette ouvrante contient un agréable livret grand format, de quoi justifier un prix de vente un peu élevé, mais de toute façon plus raisonnable qu'un album d'époque qui vous coutera fatalement un bras si vous partez à sa recherche sur eBay.Photos : Les Stooges à l'Olympia, 07/07/2010 (C) GH
mercredi 14 juillet 2010
Prince, Arras, 9 Juillet 2010
En Octobre dernier, les concerts au Grand Palais et à la Cigale marquaient les retrouvailles de Prince avec le public français, après une absence de 7 ans. Des concerts de haut niveau (particulièrement à la Cigale) entachés par les problèmes de santé du Kid, visiblement plus aussi "mobile" que par le passé, en raison de soucis à la hanche. Moins d'un an après, tout ceci parait déjà bien loin : le Prince qui monte sur scène à Arras en ce 9 juillet est en pleine possession de ses moyens et de toute évidence déterminé à en mettre plein la vue aux nombreux fans ayant fait le déplacement, de l'étranger pour certains.
Si la setlist ne réserve au final que peu de surprises, Prince arrive à faire du neuf avec du vieux et à transfigurer totalement des hits que l'on croyait usés jusqu'à la corde. Le groupe qui l'accompagne semble également avoir gagné en aisance depuis le Grand Palais, délivrant un groove imparable pendant 2h15.
Son apparition pendant le concert de Stevie Wonder à Bercy le 1er juillet en donnait déjà un avant-goût, Prince semble être dans une période propice aux prestations scéniques d'anthologie, et ce n'est sans doute pas fini. Cerise sur le gâteau, son nouvel album "20ten" semble convaincre même les fans déçus par sa récente production discographique...
Supergrass, La Cigale 12 Juin 2010
Voilà, c'est fini, l'un des groupes les plus attachants de ce que l'on appela la "Britpop" jette l'éponge après 16 ans de bons et loyaux services. Supergrass a décidé de mettre fin à ses activités après un ultime série de concerts destinés à leurs fans (et peut être propices également, soyons réalistes, à la mise en boite d'un futur live posthume). Dernière étape, Paris, et si l'on pouvait logiquement s'attendre à une prestation riche en émotions, c'est de façon étonnamment sobre et dépassionnée que la formation entame son set par des titres du dernier album en date, "Diamond Hoo Ha".
Le groupe quitte ensuite la scène le temps d'un petit film nous replongeant dans l'enregistrement de son précédent opus, "Road to Rouen". Le public commence alors à cerner le principe de la soirée; Supergrass nous offre une rétrospective de toute de sa discographie à raison de quatre titres par album, en démarrant des plus récents pour remonter jusqu'au premier. Une approche maline puisque "I should coco" sorti en 1995 demeure le favori d'une partie du public; la tension montera donc progressivement tout au long du concert, la Cigale se transformant en fournaise dans la dernière partie. Après une interprétation quasi-punk de "Caught by the fuzz", leur premier single et premier morceau composé, les musiciens jettent leurs instruments à terre et regardent le public les acclamant, l'air un peu hagards, sonnés, comme s'ils venaient seulement de réaliser que c'était la dernière fois qu'ils vivaient ce genre de moment d'exception.
Photo (C) GH
Air & Jarvis Cocker, Cité de la Musique, 4 Juin 2010
Air investissait la Cité de la Musique en ce mois de juin pour une série de concerts exceptionnels en compagnie de musiciens invités. Les deux moments forts de ces quatre dates furent pour moi le concert avec les Hot Rats (soit la moitié de Supergrass) pendant lesquelles les deux formations interprétèrent l'intégralité de l'album "Virgin Suicides", encore plus sombre et étouffant en live que sur disque; puis le lendemain, un concert où Air accompagnait le grand Jarvis Cocker, le temps d'un set faisant la part belle à l'album "5:55" de Charlotte Gainsbourg (sur lesquels Air et Jarvis avaient collaboré). Le tout saupoudré de titres provenant des albums de Air ou de Jarvis en solo, et divine surprise pour les nostalgiques de la Britpop, deux chansons de Pulp dont un "This is hardcore" d'anthologie. L'occasion de constater que Jarvis n'a pas perdu une once de son charisme, son jeu de scène halluciné faisant des étincelles avec Air transformé en backing band de luxe le temps d'une soirée.
Photo (C) GH
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