dimanche 22 avril 2012
Jack White, La Cigale, 22 avril 2012
Jack White est un homme de détails. Dress code de ses musiciens et roadies, instruments customisés, pressages vinyls originaux, on en passe et des meilleurs... Pour la tournée accompagnant la sortie de son (brillant) premier album solo, il a choisi d'alterner deux formations différentes selon les concerts, l'une exclusivement masculine, l'autre féminine. Il ne s'agit pas seulement d'un gimmick mais aussi d'une façon de varier les plaisirs musicaux et d'explorer la diversité d'un répertoire qui s'est depuis longtemps affranchi de la simple formule guitare/batterie des débuts.
Après l'agréable première partie assurée par les Smoke Fairies, le public découvre donc que Jack White a retenu l'option testostérone pour cette date parisienne annoncée quelques jours auparavant, et les six musiciens présents s'attaquent d'emblée au répertoire des White Stripes avec Dead leaves and the dirty ground, la première mais pas la dernière pépite du duo rouge et blanc interprétée ce soir. La setlist fait également un crochet par la période Dead Weather (Cut like a buffalo) et plus surprenant, par le projet "Rome" de Danger Mouse (Two against one).
Mais c'est bien évidemment le petit dernier, Blunderbuss qui se taille la part du lion et l'on ne s'en plaindra pas vu l'excellence de la majorité des compos. L'énorme section rythmique accentue le côté Led Zeppelinien de l'affaire et White joue plus que jamais son rôle de guitar hero possédé, accumulant les soli dérangés comme si sa vie en dépendait. Une prestation courte mais intense qui se clôt par une petite friandise nommée Seven Nation Army , pour le plus grand plaisir d'une audience conquise. Rendez-vous est pris début juillet à l'Olympia pour la suite des aventures électriques du sieur White.
lundi 5 mars 2012
Wilco, Le Grand Rex, 5 mars 2012

Et là c'est le drame, la tuile, le dilemme cornélien... deux formations emblématiques du rock indé qui se produisent le même soir à Paris, il faut faire un choix douloureux, prendre le risque de passer à côté d'un concert d'anthologie... finalement aux Tindersticks que l'on a déjà vu à plusieurs reprises sur scène, notamment l'an passé à St Eustache, on préférera Wilco, le groupe américain se faisant plus rare dans nos contrées. Direction le Grand Rex, salle définitivement plus adaptée au visionnage du dernier Disney en famille qu'à un concert de rock. Après avoir taclé un service d'ordre zélé, Jeff Tweedy s'amuse d'ailleurs des fauteuils un peu trop confortables de l'endroit, incitant le public à se lever et faisant par la même occasion monter l'ambiance d'un cran. Il faut dire que sur scène Wilco se démène et n'affiche absolument pas ses (presque) vingt ans de carrière au compteur, limitant les titres plus lents où expérimentaux de son répertoire, au profit d'un son volontiers abrasif évoquant le Neil Young des grands jours. Rappel triomphal, puis après deux heures donnant l'impression d'être passées en l'espace d'un claquement de doigts, Tweedy and co quittent la scène l'air radieux, conscients de s'être mis le public parisien dans la poche. C'était quoi l'autre concert de la soirée, déjà ?
dimanche 29 janvier 2012
D'Angelo, Le Zénith, 29 janvier 2012

Pourtant c’est bien lui qui apparait sur scène, massif, souriant, guitare à la main, prêt à projeter la salle dans une transe funk. Il paraît vite évident que D’Angelo n’a pas choisi la voie du comeback facile et lucratif en caressant dans le sens du poil un public venu chercher sa dose de néo-soul. En douze ans d’absence discographique, D. a visiblement eu le temps d’aller fouiller du côté du rock, du Funkadelic des débuts. Le groupe part dans une longue jam qui fait grincer des dents certains spectateurs. Et il faut avouer que l'on se serait volontiers passé d’un interminable solo de synthés dont même un Vangelis aviné n’aurait pas voulu dans les années 80.
Alors que l’on croit l’ambiance définitivement plombée, revoici D., seul au piano, et la magie opère de nouveau, et l’on se souvient de ce qui nous a tant plu chez le bonhomme, talent monstrueux, voix et charisme intacts.
Les nouveaux titres dévoilés se révèlent d'excellente facture, en particulier « The Charade » sonnant quasiment comme un inédit d’ « Around the world in a day ». Le rappel déconcerte dans un premier temps avec une reprise inattendue de « Space oddity » de Bowie. A peine le temps de s'interroger sur les raisons de ce choix (D’Angelo se reconnaitrait-il dans le personnage du Major Tom, égaré volontaire voguant loin des contingences terrestres ?) que déboule «Brown sugar » dans une version totalement revisitée, en forme d’énorme clin d’œil au Minneapolis Sound des années 80. Final dantesque d’un concert parfois frustrant, fréquemment génial, laissant espérer un retour durable de cet artiste passionnant qui détonne plus que jamais dans le morne paysage musical actuel.
Photos & vidéos (C) GH
jeudi 17 novembre 2011
Incubus, Le Zénith, 17 novembre 2011


A 21 heures Incubus démarre son concert avec les pêchus Megalomaniac et Pardon me avant d’aborder les choses qui fâchent, à savoir les titres de leur dernier opus en date qui aura fait grincer les dents de nombreux fans de la première heure. Le combo américain a certes toujours flirté avec la pop la plus mainstream mais il est tout de même douloureux de les entendre se vautrer complaisamment dans la guimauve avec les affreux Promises, promises ou If not now, when ? Sans surprise, ce sont donc les titres plus anciens qui suscitent une forte réaction du public et permettent de retrouver à son meilleur niveau un groupe toujours très impressionnant techniquement. Il y aura au final suffisamment de classiques dans la setlist pour contenter tout le monde et permettre de passer l’éponge sur les quelques fautes de goût de la soirée.


mercredi 16 novembre 2011
Elbow, Le Bataclan, 15 novembre 2011

En 2009, Elbow venait promouvoir The seldom seen kid dans un Bataclan à moitié vide. Deux ans plus tard, il y a heureusement nettement plus de monde du côté du boulevard Voltaire pour cette nouvelle date parisienne, même si une bonne partie du public est toujours constituée de fans anglais ravis de voir leur groupe fétiche dans un endroit à dimension humaine, car Elbow bénéficie, rappelons-le, d'une énorme côte de popularité outre-manche.

lundi 7 novembre 2011
Lana Del Rey, Le Nouveau Casino, 7 novembre 2011

En fait de concert, cette première prestation parisienne de celle qui met internet en émoi depuis cet été tenait davantage du showcase gentillet : 30 petites minutes devant un public en partie constitué d'invités du métier, une façon de préparer le terrain pour la sortie l'an prochain d'un album faisant d'ores et déjà l'objet de toutes les attentions de la part d'une industrie musicale exsangue. Pas sûr que Lana Del Rey soit la future icône pop susceptible de relancer la machine à générer les dollars : le somptueux Video games apparait comme un heureux accident de parcours à l'écoute du reste de son répertoire, entre pop eighties légère (Born to die) et soul également très light (You can be the boss), avec dans le lot quelques refrains catchy, certes, mais rien que l'on n'aie déjà entendu, en mieux, ailleurs. Au-dessus de la scène défilent des images de vieux films hollywoodiens et d'idoles américaines du passé, une tradition dans laquelle Lana Del Rey semble vouloir s'inscrire de manière un brin artificielle, tant la jeune femme semble peu sûre d'elle en live, à des années-lumières de la diva intrigante qu'elle incarne dans ses clips. Le chemin pour devenir la "gangster Nancy Sinatra", telle qu'elle aime à se définir, parait encore long ...

jeudi 3 novembre 2011
Get up, I feel like being a ...

Nous sommes en 1983 et pour de nombreux jeunes français les minutes s'écoulent lentement devant le téléviseur familial pendant que défilent sur le plateau de Michel Drucker les pires ringards du showbiz français (de "véritables variétés verdâtres" aurait dit Nino Ferrer). Le supplice de l'émission destinée aux parents s'achève enfin , et la deuxième partie de soirée démarre avec les tant attendus "Enfants du rock". Au milieu de la programmation va débarquer une fois par mois un véritable OVNI : "Sex Machine" est l’œuvre des deux compères ayant déjà secoué les kiosques à journaux depuis le milieu des années 70 avec le génial "Métal Hurlant", Jean-Pierre Dionnet et Philippe Manoeuvre. Passionnés par le funk, la soul et le rap balbutiant, ils offrent enfin une tribune à ces genres musicaux totalement absents jusque là des chaines hertziennes, et font découvrir des artistes comme Prince ou Michael Jackson à un large public.
Entre deux clips ou prestations pseudo-live (le playback règne encore en roi à la télévision), on retrouve Dionnet et Manoeuvre aux prises avec Phify, intraitable videur d'une boite de nuit en forme de terre promise où l'on écoute "le nouveau tube de Marvin Gaye" entouré de jolies filles... Humour potache, érotisme très soft et musique au top de la branchitude eighties : la formule fera mouche pendant trois ans avant de s'arrêter brusquement pour des raisons pas totalement expliquées sur les bonus du DVD.
Car, oui, chose encore impensable il y a peu, "Sex Machine" débarque en triple DVD, véritable madeleine de Proust pour les quadras ayant vécu en direct cette période d'explosion du clip comme principal vecteur de promotion de la musique. Loin d'être une intégrale, ce condensé fait l'impasse sur certains passages mythiques, sans doute pour des questions de droits (l'infâme reprise de James Brown par un Bernard Lavilliers costumé façon "Purple Rain" est bien présente, hélas). Les interviews nous rappellent fort justement l'aspect précurseur d'une émission dont on retrouvera ensuite un peu l'esprit sur une certaine chaine cryptée ...