"Le groupe anglais le plus influent après les Beatles": le journaliste Tim De Lisle décrivait ainsi Roxy Music dans le documentaire
More than this publié il y a quelques mois en DVD. Dans ce même documentaire on pouvait voir des personnalités aussi diverses que Steve Jones (des Sex Pistols), Nile Rodgers (de Chic) ou Nick Rhodes (de Duran Duran) confier avoir été influencés par Roxy. Quelle autre formation peut ainsi se targuer d'avoir eu des enfants illégitimes dans des genres aussi différents que le punk, le disco, ou la pop pour midinettes ?
Pourtant au final un large public n'aura retenu de Roxy qu'
Avalon, ultime album pas forcément représentatif d'une discographie variée, de l'expérimentation débridée des débuts (souvent attribuée à la présence de Brian Eno sur les deux premiers albums, même si l'intéressé déclare préférer le 3ème opus, enregistré après son départ du groupe !) à la pop racée teintée de dance de la fin des seventies, dont la qualité de songwriting et de production met toujours une claque à la majorité des groupes étiquetés "révélation de l'année" dont nous abreuvent les médias musicaux.
Reformé en 2001 pour une tournée triomphale qui aura soigneusement évité l'hexagone, Roxy Music retrouvait enfin en ce mois d'août le pays ou fut enregistré le live
The High Road, 30 ans plus tôt. Sans rien de nouveau à vendre (la chimère que représente un éventuel nouvel album studio s'est muée en album solo de Bryan Ferry,
Olympia, à paraitre en octobre), il était à craindre que l'affaire ne se résume qu'à une lucrative prestation capitalisant sur la nostalgie des fans. Il n'en fut rien et malgré l'absence du batteur original Paul Thompson, pour raisons de santé dixit le site officiel, Roxy recentré autour du trio Ferry / Manzanera / MacKay accompagnés de musiciens additionnels, sut revisiter les perles de son répertoire avec une énergie communicative, malgré une baisse de régime due à l'enchainement de plusieurs titres lents (mais somptueux), avant de repartir de plus belle avec une version furieuse de
Editions of you ou un
Love is the drug irrésistible.
Et si Bryan Ferry ne rechigne pas à employer quelques choristes pour booster les parties vocales, il n'y a pas pour autant tromperie sur la marchandise ; les années passent, Roxy vieillit, certes, mais avec classe, sans tenter de lifting sonore malencontreux, et en conservant intacte cette étincelle de rêve qui rendait leur musique fascinante au début des années 70 et détonne toujours dans la grisaille de 2010. Ce doit être cela que l'on appelait le
Glam...
Photos (C) GH